Komodo & Rinca
Il faut commencer par s’armer de patience avant d’entamer le long trajet entre Senaru (à Lombok) et Labuan Bajo (à Florès), d’où on embarquera pour l’archipel de Komodo. On met plus de 30 h pour parcourir près de 600 km, en bemo, en minibus, en bus, en ojek (moto) et en bateau : tous les moyens de transport y passent.
La traversée de l’île de Sumbawa est particulièrement éprouvante, car le chauffeur se prend pour Alain Prost – ou plutôt Ayrton Senna, mais la comparaison avec Alain Prost est plus rassurante… Difficile de fermer l’œil : il faut jouer d’adresse pour ne pas finir dans le couloir ou la tête dans la fenêtre à chaque virage. On s’étonne franchement d’arriver à bon port sans avoir eu d’accident (tout juste une petite panne, la routine…).
Les sept heures de ferry entre Sumbawa et Florès sont en revanche agréables : le bateau est loin d’être bondé, le paysage est plutôt sympathique, et on discute avec plusieurs familles surprises et amusées de nous voir faire le trajet avec elles (les touristes se rendant généralement à Florès en avion).
Oubliée la fatigue des derniers jours : c’est plein d’entrain et un grand sourire aux lèvres qu’on arrive dans la baie de Labuan Bajo.
Les bateaux au mouillage sont superbes avec leurs allures de vieux gréements, et les îles qui s’alignent au large ne donnent d’une envie : partir à leur découverte. Ca tombe plutôt bien, puisque c’est au programme des jours à venir !
En attendant la croisière de trois jours qui va nous faire sillonner l’archipel de Komodo, on se repose tranquillement à Labuan Bajo en profitant de la jolie vue sur la baie, et des couchers de soleil qui vont avec…
Puis sonne enfin l’heure du départ, à bord d’un joli bateau en bois, en compagnie de Mat – le capitaine – et de deux hommes d’équipage.
L’ambiance à bord est détendue et sympathique, les repas sont délicieux et plus que copieux, et les apéros en profitant du coucher de soleil sont parmi les plus agréables du séjour.
Les journées sont partagées entre snorkeling, balades sur les îles et siestes sur le pont pendant les heures de navigation : on a connu pire, et on n’est pas déçu par les découvres que l’on fait au cours des trois jours !
On a droit dès la première baignade, vers l’île de Kanawa, à nos premiers requins (deux requins pointe noire, pour être précis). Le deuxième arrêt snorkeling, au nord-est de l’île de Komodo, nous permet d’observer de magnifiques coraux, avant de croiser le chemin d’une belle raie-léopard qui nage gracieusement en-dessous de nous, d’une autre raie (non identifiée) plus massive qui se tapie sur le sol, et d’un requin (pointe blanche cette fois) qui semble se balader tranquillement dans le fond.
Puis parvient aux oreilles de Jeanne la voix lointaine de Mat, qui s’est mis à l’eau avec nous : « Manta ! Manta ! ». Jeanne fonce à sa rencontre et, sans s’y attendre – du moins pas si tôt – tombe sur le monstre (un bon mètre cinquante d’envergure) qui nage à sa hauteur… Première réaction : prendre ses palmes à son cou tout en sentant son cœur faire un grand bond dans sa poitrine ! Mat arrive à son tour et se veut rassurant : il a l’habitude, c’est visiblement courant comme réaction la première fois (cardiaques s’abstenir, donc…). Cola et Sam finissent également par arriver, et là apparaît une deuxième, puis une troisième raie manta, encore plus grande celle-ci que les deux précédentes. Cette-fois pas de mouvement brusque, et la bête se met à nager paisiblement autour de nous – ou plutôt à voler, car c’est exactement la sensation que ça donne. C’est magnifique, et même si on avait pu parler sous l’eau, on serait sans doute restés muets devant le spectacle.
La contrepartie, c’est que là où raie manta il y a, méduses tu rencontreras… Et c’est avec de belles brûlures que l’on remonte sur le bateau. Mais ça en valait la peine : on vient d’assister à l’une des plus belles choses qui nous ait jamais été donnée de voir.
Les autres rencontres sous-marines que l’on fait au cours des deux jours suivants sont tout aussi réjouissantes. Il faut dire que Mat connaît bien le coin et sait précisément où nous emmener et à quelle heure pour qu’on puisse profiter d’un véritable festival sous l’eau. Il y a des poissons de toutes les tailles, toutes les formes, toutes les couleurs : des petits, des gros, des longs, des ronds, des ovales, des triangulaires, des fluo, d’autres bien camouflés, des à pois, des rayés, etc. La plus étrange créature qu’on observe est une murène à ruban jaune et bleu pétant, qui semble littéralement plantée dans le sable et a l’air d’aboyer sur tous les poissons qui passent à proximité. Sur le moment, on ne sait même pas s’il s’agit d’un poisson, d’un serpent ou d’un végétal, c’est dire l’étrangeté de la chose !
A gauche : mouillage à Pentai Merah (Pulau Komodo) / A droite : coucher de soleil entre Palau Komodo et Palau Lawadarat
Les balades à terre sont tout aussi agréables, et on y rencontre des célèbres dragons de Komodo. Sur l’île du même nom comme à Rinca, on a à chaque fois la chance d’en croiser dans la nature, en plus de ceux qui rôdent – ou plutôt dorment, car ce sont de gros flémards – autour des maisons (plus précisément des cuisines) en attendant que leur prochain repas leur tombe tout cru dans le bec.
A gauche : notez comme on a l’air rassurés ! / A droite : carcasse de buffle d’eau fraichement dévoré (l’odeur en témoigne !)
Ces trois journées passent à une vitesse surprenante, et on est tous les trois bien moroses en regardant les îles de l’archipel s’éloigner à mesure que notre bateau se rapproche de Labuan Bajo…
Heureusement, le retour sur la terre ferme ne signifie pas la fin des réjouissances : place maintenant à la découverte de l’île de Florès !
Localisation des îles Komodo et Rinca, à l’ouest de Florès